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Les Délires Saisons 1 et 2
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Les Délires Saisons 1 et 2
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30 septembre 2004

Salaire de la peur dans la Bouche de Kotor

Suite, encore et toujours, de notre grand feuilleton de l’été. Pour l’épisode d’aujourd’hui, nous partons au Monténégro. Mais d’abord, une petite histoire…

Il y a près de 150 ans, le Monténégro était gouverné par un roi très sage et une reine très belle. Cette reine s’appelait Milena et son doux visage suscitait l’amour dans le cœur de tous ses sujets (oui bon ben pas de commentaires déplacés je vous prie, c’est pas moi qui le dis, c’est l’histoire, et puis c’est tout, alors pas la peine de discuter).

Le roi très sage - appelons-le Nico, pour faire simple - avait entrepris de moderniser son pays. Il fit donc appel notamment à un jeune ingénieur qui fut chargé de construire des routes à travers le royaume.

Aurais-je omis de vous préciser que le Monténégro est un pays extrêmement montagneux ? Un dicton local dit que "Quand Dieu créa le monde, il tenait à la main un sac plein de montagnes, mais le sac vint à crever au-dessus du Monténégro et il tomba cette masse effroyable de rochers" (la trad. n'est pas de moi, d'où le phrasé bizarroïde, mais bon... si vous connaissez un traducteur monténégrin, vous me faites signe ?).  Vous imaginez donc le caractère pas plat pays du tout de la contrée susmentionnée...

La mission du jeune ingénieur était donc très très très difficile. Mais il s’en acquitta à la perfection, et même encore mieux que ça. En effet, il était tombé fou amoureux de la belle Milena et, pour lui prouver son amour, il donna à la route qui menait à la capitale la forme de l’initiale de la souveraine : un gigantesque M tout en courbes, pleins et déliés.

Tout ça pour vous dire que les routes, au Monténégro, ça tourne, ça tourne…

Partis de très bon matin (p’tain, en plus il caille dans ce pays !), nous avions investi un car énorme lancé à l’assaut des lacets (elle est-y pas belle cette allitération ?) montagneux de la route Milena.

Au début, tout le monde rigolait… au bout de 23 virages, on riait beaucoup moins… Le guide, très rassurant, nous expliquait que malgré tout, il y a très peu d’accidents, les conducteurs monténégrins étant extrêmement prudents, et que de toutes façons, notre chauffeur était, je cite, "qualifié pourrrrr conduirrrrre surrrrr cette rrrrroute" (aaah, l'accent monténégrin, un vrai poème...). Mais c’était pas le chauffeur le problème… Certains virages étaient tellement serrés que le car ne pouvait pas passer d’un seul coup. Le chauffeur était obligé d’effectuer plusieurs manœuvres, pire qu’un créneau : avancer au plus près de la montagne, à toucher le roc du bout du nez, puis reculer vers le ravin au maximum pour pouvoir enfin remettre le car sur la trajectoire. STL et moi, installées tout à l’arrière - comme d’hab’, vous vous rappelez le petit train panoramique à Plitvice ? - hé ben on a rigolé comme tout le monde, mais beaucoup moins longtemps… Surtout moi, qui en plus était côté fenêtre… J’ai pas pu m’empêcher de penser à Yves Montand, dans Le Salaire de la Peur même si nous, au moins, on transportait pas de nitro !

Histoire de bien nous rassurer, on pouvait voir plusieurs carcasses de voitures dans les ravins en contrebas… Ben, M’sieur le guide, on croyait qu’il y avait très peu d’accidents ? Ben oui, mes amis tourrrrristes (décidément, j’adore l’accent du Montenegro), ces voiturrrrres ne sont pas accidentées, elles ont été jetées là, mieux dirrrre c’est fait exprrrrrès parrrrre que chez nous, il n’y a pas de casse automobile… Mouais…. Pas vraiment convaincue, l’Oursonne… Enfin ! Rassurez-vous, on a tous survécu…

Donc le Monténégro, un pays fascinant : magnifique, très sauvage, tout petit (à peine 14.000 km² - la France est 40 fois plus vaste !), pas très peuplé (660.000 habitants, presque 100 fois moins que chez nous), mais hyper rebelle. En 10 siècles, ils ont résisté envers et contre tout à tous les envahisseurs ! Pourtant, ce pays a disparu après la 1ère guerre mondiale… et a réapparu il y a quelques années. Le roi Nico (cf. plus haut) a été le premier et le dernier roi de ce pays - avant, il était dirigé par une sorte de dynastie d’évêques, les Niégotsch, qui se transmettaient le pouvoir d’oncle en neveu (qui a dit de père en fils ?). A noter que Nico appartenait à cette dynastie, mais que lui a refusé la prêtrise, s’est marié, a eu plein d'enfants, dont plusieurs filles qu’il a mariées à quasiment tous les souverains européens de l’époque…

La capitale du roi Nico : Cetinje (Tsétignié). Une drôle de ville, vraiment… Toute petite, mais qui constitue encore aujourd’hui, alors qu’elle n’est plus la capitale, le centre culturel, éducatif et historique du pays : musées, bibliothèques, université… Mais ce qui m’a vraiment marquée, ce sont ces deux monuments-là : la petite église où Nico et Milena se sont mariés (séquence émotion), et ce poteau indicateur : planté au milieu de rien du tout, il indique la direction des principaux musées d’Europe… D’un seul coup, on se sent moins perdu !

Notre virée à Cetinje aura été l’occasion de découvrir la gastronomie monténégrine : étape dans un petit restau au bord de la route, à 9 heures du matin, pour déguster le pršut (prrrrrechioute) et le sir, amplement arrosés de medovina… (jambon fumé, fromage et hydromel). Aaaah, le medovina, quel nectar... Mais après en avoir avalé deux verres, on s’étonne plus vraiment que ça tourne non stop… Vais p't'être m'asseoir, moi...

Je sais pas vous, mais moi, je n'apprécie la montagne que s'il y a la mer juste à côté. Au Monténégro, ça tombe bien, la mer a fait irruption au milieu de la montagne... En Norvège, ils appellent ça un fjord. Au Monténégro, ils n'ont pas l'air d'avoir un nom spécifique qui fasse plus couleur locale, alors si vous voulez bien, on va conserver le mot nordique... Donc, le Jason avait jeté l’ancre dans le port de Kotor, petite ville très pittoresque qui a pour majeure caractéristique de se situer tout au fond d’un fjord, baptisé la Bouche de Kotor (quel sens de l'à-propos tout de même) ... 

Vous voyez le petit point blanc, au bout de la jetée ? c’est notre Jason… Mais si, je vous assure, tenez, rapprochez-vous, vous verrez mieux…

Kotor est une ville très ancienne, 2.500 ans à peu près, inscrite sur la liste du patrimoine mondial par l’UNESCO (et une de plus à notre tableau de chasse !) Bien que les deux pays soient voisins, les monuments croates et les monuments monténégrins n’ont rien en commun. La preuve : après la Tour Revelin (entrée de la ville de Korčula, pour ceux qui n'ont pas suivi)  et la porte Pile, à Dubrovnik, voici la porte de Kotor... Ou encore la Tour de l’Horloge de Kotor, toute basse, trapue et bien carrée à côté de celle tout élancée de Dubrovnik

Comme Dubrovnik, Kotor est toujours fortifiée mais, là encore, les remparts n’ont rien à voir. A Kotor, c’est encore plus escarpé qu’à Dubrovnik ! Lors de l’ascension, j’ai bien cru que j’allais y rester… C’est vraiment d’une beauté à couper le souffle (jeu de mots naze, c’est l’oxygène qui n’irrigue plus le cerveau à cause de l'effort surhumain à produire par les genoux et les mollets…).

Après cette journée chargée, nous avons rejoint le Jason, crevés. STL et moi nous sommes effondrées sur un transat. Ce qui nous a permis de bien profiter de la remontée du fjord.

Petite anecdote : en plein milieu dudit fjord, on trouve deux petites îles, avec chacune une église : Sveti Djordje (Saint Georges) et Gospa od Škrpjela (désolée, j’étais trop crevée pour noter la prononciation, je me souviens juste que ça veut dire Notre Dame du Récif). A noter que Gospa od Škrpjela est un îlot artificiel construit vers le XIVème siècle… Bref. Tous les bateaux qui remontent la Bouche de Kotor doivent contourner ces deux îles par la gauche et sonner 3 coups de trompe. En réponse, les églises des îles font sonner leurs cloches à toute volée. Et les habitants sortent de leur maison pour saluer les bateaux de la main. Un moment très émouvant…

Et voilà ! Après être sortis de la Bouche de Kotor, nous sommes repartis en Croatie, pour la dernière étape de notre voyage initiatique : l’Istrée. Mais ceci est une autre histoire…

A suivre…

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Commentaires
S
Ouais, bien raconté, l'Oursonne.<br /> <br /> C'est comme si on y était, j'ai envie de ... passe-moi le sac qu'on a piqué dans l'avion piloté par Franz MEYER, le meilleur en ce qui concerne les créneaux.<br /> Non l'Oursonne, personne n'a parlé du petit Läckerli de Franz. T'a des allu des oreilles ?!?<br /> Oui, je sais, cette réplique n'a aucun sens pour la plupart.<br /> Normal, c'est juste pour les initiés.<br /> <br /> Bref, cette Milena reste une femme dangereuse !
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